Date :
09.04.2025
Catégorie :
Montages institutionnels et droit des collectivités
Auteur :
Sophie Imbault
Chapitres :
Article

Régies, agences, SPL… comment structurer les outils des collectivités

Pourquoi structurer des outils d’action locale ?

La mise en œuvre d’une politique publique locale nécessite souvent un support spécifique. Au-delà des services internes, les collectivités ont recours à des entités juridiques distinctes pour porter des projets ou gérer des services.

Un besoin d’agilité et de spécialisation

Les contraintes budgétaires, les exigences réglementaires et la nécessité de mobiliser des expertises spécifiques poussent les collectivités à diversifier leurs modes d’intervention. Ces outils offrent de la souplesse, de l’efficacité, et parfois un accès à des financements ou à des partenariats impossibles dans le cadre strict de la gestion en régie directe.

Des objectifs variés

Selon les cas, la collectivité cherche à :

  • gérer un service public local,
  • développer un projet économique,
  • intervenir sur le champ social ou culturel,
  • structurer une stratégie territoriale,
  • ou mutualiser des moyens avec d’autres collectivités.

La régie : une gestion en interne, sous forme externalisée

La régie est un mode de gestion directe, sous forme d’entité administrative ou autonome.

Régie simple ou régie à autonomie financière

La régie simple est intégrée aux services de la collectivité, sans personnalité morale propre. La régie dotée de la seule autonomie financière a un budget distinct, mais reste juridiquement dépendante. C’est souvent le cas pour les services techniques, de restauration ou de transport.

Régie à autonomie financière et personnalité morale (RAPM)

Elle permet une gestion plus souple, avec une véritable autonomie administrative et budgétaire. Elle peut conclure des contrats, recruter du personnel propre et disposer d’une direction spécifique. Ce modèle reste rare et requiert un encadrement juridique renforcé.

Les SPL et SEM : l’intervention publique sous forme sociétaire

Les sociétés publiques locales (SPL) et sociétés d’économie mixte (SEM) sont des sociétés commerciales, créées pour permettre aux collectivités d’agir avec plus de réactivité.

SPL : outil 100 % public

Une SPL est constituée uniquement de personnes publiques. Elle agit exclusivement pour ses actionnaires, dans un cadre "in house", ce qui permet de s’exonérer des procédures de mise en concurrence. Elle est souvent utilisée pour la gestion d’équipements publics (piscines, parkings), l’aménagement, ou des services à la population.

SEM : mixité public/privé

Les SEM associent au moins une collectivité et un partenaire privé. Elles permettent d’ouvrir un capital à des investisseurs ou opérateurs tout en gardant une gouvernance publique majoritaire. Ce modèle convient pour des projets à fort enjeu économique ou nécessitant des savoir-faire techniques spécifiques.

Points de vigilance

La création d’une société publique nécessite une étude de faisabilité, la définition d’un objet social précis, et un contrôle juridique et stratégique régulier. Les conventions liant la société à ses actionnaires doivent être formalisées (objectifs, financement, suivi).

Les agences, EPIC, GIP… formes spécifiques à encadrer

En fonction du secteur d’intervention, des formes juridiques particulières peuvent être mobilisées.

Agences locales ou régionales

Elles sont souvent créées par les départements ou les régions pour mettre en œuvre certaines missions (mobilité, innovation, tourisme, transition énergétique…). Elles prennent la forme d’associations, de sociétés ou d’établissements publics. Leur statut dépend de leur objet et de leurs membres.

EPIC (Établissements publics industriels et commerciaux)

L’EPIC permet de gérer une activité à caractère industriel ou commercial tout en relevant du droit public. Il est utilisé pour des services publics marchands (eau, transport, énergie…). Il dispose d’une autonomie juridique, contractuelle et financière.

GIP (Groupement d’intérêt public)

Le GIP permet de regrouper plusieurs partenaires publics (et parfois privés) autour d’un projet commun, dans une logique de coopération. Il est souvent utilisé dans les domaines de la santé, du numérique ou de la recherche.

Comment choisir la bonne structure ?

Le choix du véhicule juridique dépend de plusieurs critères.

Nature de l’activité

  • Pour un service public sans but lucratif : régie ou SPL.
  • Pour une activité commerciale ou un projet économique : SEM ou EPIC.
  • Pour une coopération entre acteurs publics : GIP ou agence.

Niveau de risque juridique ou financier

Certains montages exposent la collectivité à plus de risques (engagements financiers, gouvernance partagée, responsabilité de gestion). Une analyse préalable est indispensable.

Objectifs de gouvernance et d’autonomie

Selon le degré de contrôle souhaité par la collectivité et le besoin d’autonomie du porteur de projet, certaines structures seront plus appropriées que d’autres.

Sécuriser juridiquement la création et le fonctionnement

La structure choisie doit faire l’objet d’un cadrage juridique solide.

Étude de faisabilité et délibération fondatrice

Avant toute création, une délibération motivée doit encadrer le projet : objet, partenaires, budget, durée, évaluation des risques, organisation. Une étude externe peut appuyer cette démarche.

Rédaction des statuts et conventions d’objectifs

Les statuts doivent être précis et adaptés à la structure choisie. Des conventions doivent fixer les objectifs, les modalités de financement, les engagements réciproques et les dispositifs de contrôle.

Suivi dans la durée

La collectivité doit mettre en place des outils de suivi : rapports annuels, comités de pilotage, audits, clauses de sortie. La transparence et l’évaluation doivent être intégrées dès le début.

Conclusion

Pour les collectivités, disposer d’outils juridiques adaptés est une condition de réussite des politiques publiques. Régie, SPL, SEM, EPIC ou GIP : chaque structure répond à une logique, un besoin, un contexte. Le choix doit s’appuyer sur une analyse stratégique, une sécurisation juridique et une vision à long terme.

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